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Théorie des distorsions cognitives  : la sur-généralisation et l’étiquetage

Un article paru dans le Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive, 2009, 19-4, pages 136-140.


Théorie des distorsions cognitives  : la sur-généralisation et l’étiquetage

Paul FRANCESCHI

Fontaine du Salario

lieu-dit Morone

20000 Ajaccio

France

Université de Corse

Résumé : Dans un précédent article (Compléments pour une théorie des distorsions cognitives, Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive, 2007), nous avons présenté des éléments destinés à contribuer à une théorie générale des distorsions cognitives. Basés sur la classe de référence, la dualité et le système de taxons, ces éléments permettent de définir les distorsions cognitives générales ainsi que les distorsions cognitives spécifiques. Ce modèle est étendu ici à la description de deux autres distorsions cognitives classiques : la sur-généralisation et l’étiquetage. La définition de ces deux dernières distorsions cognitives repose sur la distinction préalable entre trois niveaux de raisonnement : les arguments pathogènes primaires, secondaires et ternaires. Cette dernière analyse conduit également à définir deux autres distorsions cognitives qui prennent place au sein de ce schéma : la projection inductive infondée et le biais de confirmation.


Dans Franceschi (2007), nous nous sommes attachés à présenter plusieurs éléments destinés à contribuer à une théorie générale des distorsions cognitives. Ces éléments sont basés sur trois notions fondamentales : la classe de référence, la dualité et le système de taxons. À l’aide de ces trois éléments, nous avons pu définir au sein d’un même cadre conceptuel les distorsions cognitives générales : le raisonnement dichotomique, la disqualification de l’un des pôles, la minimisation et la maximisation, la requalification dans l’autre pôle et l’omission du neutre. De même, nous avons pu décrire en tant que distorsions cognitives spécifiques : la disqualification du positif, l’abstraction sélective et le catastrophisme. Dans le présent article, nous nous proposons de définir et de situer, au sein de ce même cadre conceptuel, deux autres distorsions cognitives classiques : la sur-généralisation et l’étiquetage

La sur-généralisation et l’étiquetageconstituent deux des 12 distorsions cognitives classiquement définies : raisonnement émotionnel ; sur-généralisation ; inférence arbitraire ; raisonnement dichotomique ; obligations injustifiées ; divination ou lecture mentale ; abstraction sélective ; disqualification du positif ; maximisation/minimisation ; catastrophisme ; personnalisation ; étiquetage (Beck 1964, Ellis 1962). La sur-généralisation est habituellement définie comme une généralisation grossière et infondée, comportant habituellement l’un ou l’autre des quantificateurs « tous », « aucun », « jamais », « toujours ». Elle est souvent décrite, en outre, comme une distorsion cognitive comportant quatre sous-catégories : le raisonnement dichotomique, l’abstraction sélective, la maximisation/minimisation, et la disqualification du positif. De même, l’étiquetage est classiquement défini comme une forme extrême de sur-généralisation, consistant dans l’apposition d’une étiquette à forte connotation négative et émotionnelle à soi-même ou à un sujet extérieur.

Arguments pathogènes primaires, ternaires et secondaires

Avant de s’attacher à définir la sur-généralisation et l’étiquetage dans le présent contexte, il apparaît nécessaire de décrire préalablement une structure de raisonnement pathogène (au sens étymologique : engendrant la souffrance), à caractère général, susceptible d’être rencontrée dans des troubles de nature très différente, tels que la dépression, l’anxiété généralisée, le trouble dysmorphique corporel, la scrupulosité ou le trouble explosif intermittent. Une telle structure de raisonnement comporte plusieurs niveaux d’arguments : primaire, secondaire et ternaire. De manière simplifiée, les arguments pathogènes primaires sont constitués par une énumération d’instances. Les arguments pathogènes secondaires consistent en une généralisation à partir de ces dernières instances. Enfin, les arguments pathogènes ternaires sont constitués par une interprétation de cette dernière généralisation. Globalement, un tel raisonnement présente une structure inductive.

À ce stade, il s’avère utile de mentionner plusieurs instances de ce type de raisonnement. Une première instance, susceptible d’être rencontrée dans la dépression (Beck 1967, 1987), est ainsi la suivante (le symbole  dénote la conclusion) :

(11)En janvier dernier, je me suis foulé la chevilleprémisse1
(12)En février dernier, j’ai perdu mon emploiprémisse2
(13)Il y a quinze jours, j’ai eu une grippeprémisse3
(14)Le mois dernier, je me suis disputé avec Lucprémisse4
(…)(…)
(110)Aujourd’hui, mon horoscope n’est pas bonprémisse10
(2)∴Tout ce qui m’arrive est mauvaisde (11)-(110)
(3)∴Je suis un raté !de (2)

Le patient énumère tout d’abord un certain nombre d’événements de sa vie passée et présente (11)-(110), qu’il qualifie de négatifs, à travers une phase primaire d’énumération des instances. Puis il effectue une généralisation (2) à partir de l’énumération précédente, qui présente la structure suivante :

(2)∴Tous les événements qui m’arrivent sont négatifsde (11)-(110)

Enfin, le patient interprète (3) cette dernière conclusion en concluant « Je suis un raté ! ». Une telle instance s’applique ainsi à la classe de référence des événements passés et présents de la vie du patient et à la dualité Positif/Négatif.

De même, on peut mentionner un raisonnement présentant une structure identique, susceptible d’être rencontré dans le trouble dysmorphique corporel (Veale 2004, Rabinowitz et al. 2007). Le patient énumère alors différentes parties de son corps, qu’il qualifie de laides. Il généralise ensuite en concluant que toutes les parties de son corps sont laides. Enfin, il ajoute : « Je suis affreux ! ». Le raisonnement correspondant s’applique ainsi à la dualité Beau/Laid et à la classe de référence des parties du corps du patient.

De même, dans un raisonnement de structure identique, susceptible d’être rencontré dans la scrupulosité (Tek & Ulug 2001, Miller & Edges 2007), le patient énumère plusieurs instances correspondant à des actes qu’il a commis antérieurement ou récemment, et qu’il juge moralement mauvais. Il conclut alors : « Tout ce que je fais est mal, moralement répréhensible », puis il interprète cela en concluant : « Je suis un horrible pêcheur ! ». Une telle conclusion est susceptible d’engendrer une culpabilisation intense et la pratique compulsive de rituels religieux. L’instance correspondante s’applique ici à la dualité Bien/Mal et à la classe de référence des actions passées et présentes de la vie du patient.

Enfin, une instance de cette structure de raisonnement peut contribuer au développement de l’hostilité, d’une attitude potentiellement agressive à l’égard d’autrui. Dans ce cas, le patient conclut à propos d’un sujet extérieur : « Tous les actes qu’il a commis à mon égard sont mauvais ». Il conclut ensuite : « C’est un salaud ! ». Une telle conclusion peut ainsi jouer un rôle dans le trouble explosif intermittent (Coccaro et al. 1998, Galovski et al. 2002). Dans un tel cas, la sur-généralisation s’applique à la dualité Bien/Mal et à la classe de référence des actions d’un sujet extérieur à l’égard du patient.

À ce stade, il apparaît nécessaire de décrire de manière plus détaillée chacune des trois phases – primaire, secondaire et ternaire – qui composent ce type de raisonnement.

Les arguments pathogènes primaires

La première étape dans le type de raisonnement précité, consiste pour le patient à énumérer un certain nombre d’instances. La structure générale de chacune de ces instances est la suivante :

(1i)L’objet xi de la classe de référence E possède la propriété Ā (dans la dualité A/Ā)prémissei

Dans l’exemple précité appliqué à la dépression, le patient énumère un certain nombre d’événements de sa vie passée et présente, qu’il qualifie de négatifs, sous la forme :

(1i)L’événement Ei de nature négative m’est arrivéprémissei

Les différentes instances correspondant à ce processus cognitif peuvent être décrites sous la forme d’un argument pathogène primaire, dont la structure est la suivante :

(1a)L’événement E1 m’est arrivéprémisse
(1b)L’événement E1 était de nature négativeprémisse
(1)∴ L’événement E1 de nature négative m’est arrivéde (1a), (1b)

Par un tel processus cognitif, le patient parvient à la conclusion selon laquelle un certain événement négatif lui est arrivé.

D’un point de vue déductif, ce type d’argument apparaît tout à fait valide (la conclusion est vraie si les prémisses sont vraies) dès lors que l’événement en question présente bien, objectivement, une nature négative. Toutefois, ce type d’argument primaire peut se révéler incorrect, lorsque l’événement considéré présente, objectivement, une nature positive ou neutre. Ce qui pêche alors dans le raisonnement, c’est le fait que la prémisse (1b) se révèle alors fausse. Tel peut être le cas par exemple si le patient fait usage d’une distorsion cognitive spécifique telle que la requalification dans le négatif. Dans un tel cas, le patient considère comme négatif un évènement dont la nature est objectivement positive.

Les arguments pathogènes secondaires

Au niveau du raisonnement mentionné plus haut, les arguments pathogènes secondaires sont constitués par la séquence qui procède par généralisation, à partir desinstances (11) à (110), selon la structure suivante :

(2)∴Tous les éléments xi de la classe de référence E possèdent la propriété Āde (11)-(110)

Une telle sur-généralisation conduit ainsi à la conclusion « Tous les événements qui m’arrivent sont mauvais » (dépression) ; « Toutes les parties de mon corps sont laides » (trouble dysmorphique corporel) ; « Tous mes actes sont moralement répréhensibles » (scrupulosité) ; « Tous les actes qu’il a commis à mon égard sont mauvais » (trouble explosif intermittent).

D’un point de vue déductif, une telle généralisation peut constituer un argument tout à fait valide. En effet, la généralisation qui en résulte constitue un raisonnement déductif correct, si les prémisses (11)-(110) sont vraies. Cependant, il s’avère fréquemment que les prémisses de l’argument soient fausses. Tel est notamment le cas lorsque le patient comptabilise parmi les éléments possédant la propriété Ā, un certain nombre d’éléments qui présentent objectivement la propriété opposée A. L’argument pêche alors à cause d’une requalification dans l’autre pôle portant sur certains éléments et l’énumération des instances comporte alors certaines prémisses fausses, invalidant ainsi la généralisation qui en résulte. Dans un tel cas, l’argument pathogène secondaire se révèle mal fondé, à cause de la fausseté de certaines prémisses.

Dans d’autres cas, l’argument pathogène secondaire se révèle fallacieux d’un point de vue inductif. Car certains événements positifs (ou neutres) peuvent avoir été omis dans l’énumération correspondante des instances. Une telle omission peut résulter de l’usage de distorsions cognitives générales, telles que l’omission du neutre ou la disqualification du positif. Dans un tel cas, les éléments de la classe de référence pertinente ne se trouvent pris en compte que partiellement, faussant ainsi la généralisation qui en résulte. Le raisonnement correspondant demeure alors logiquement valide et fondé, mais fondamentalement incorrect d’un point de vue inductif, car il ne prend en compte que partiellement les instances pertinentes au sein de la classe de référence. Une telle particularité de la sur-généralisation – une conclusion résultant d’un raisonnement valide d’un point de vue déductif, mais inductivement incorrect – permet d’expliquer comment il parvient notamment à tromper des patients dont le niveau d’intelligence peut par ailleurs se révéler élevé.

Les arguments pathogènes ternaires

Il convient de mentionner, enfin, le rôle joué par les arguments pathogènes ternaires qui consistent, au niveau du raisonnement précité, en la séquence suivante :

(2)Tous les événements qui m’arrivent sont de nature négativeprémisse
(3)∴Je suis un raté !de (2)

Dans un tel argument, la prémisse est constituée par la conclusion (2) de l’argument pathogène secondaire, à laquelle, dans une étape supplémentaire (3), le patient vise à donner un sens en l’interprétant. Il s’agit ici d’un cas d’étiquetage abusif (mislabelling). Au stade d’un argument pathogène tertiaire, l’étiquetage abusif peut ainsi revêtir les formes suivantes : « Je suis un raté ! » (dépression) ; « Je suis affreux ! » (trouble dysmorphique corporel) ; « Je suis un horrible pêcheur ! » (scrupulosité) ; « C’est un salaud ! » (trouble explosif intermittent). Dans le présent contexte, l’étiquetage abusif apparaît comme un argument invalide, qui constitue une interprétation grossière et injustifiée de la sur-généralisation (2).

La sur-généralisation

À ce stade, nous pouvons donner une définition de la sur-généralisation, en distinguant entre les sur-généralisations générales ou spécifiques. Une sur-généralisation générale s’applique à toute dualité et à toute classe de référence. Elle s’analyse comme la conclusion infondée d’un argument pathogène secondaire, dont les prémisses comportent un certain nombre de distorsions cognitives générales : raisonnement dichotomique, disqualification de l’un des pôles, focalisation arbitraire, minimisation/maximisation, omission du neutre ou requalification dans l’autre pôle. Il s’agit ainsi d’un raisonnement inductif mal fondé, car la généralisation qui en résulte est basée sur une comptabilisation incorrecte des instances correspondantes. De même, une sur-généralisation spécifique consiste en une instance de sur-généralisation générale, appliquée à une dualité et à une classe de référence données. Ainsi, la sur-généralisation spécifique « Tous les événements qui m’arrivent sont de nature négative » (dépression, anxiété généralisée) s’applique à la dualité Positif/Négatif et à la classe des événements de la vie du patient. De même, « Toutes les parties de mon corps sont laides » (trouble dysmorphique corporel) est une sur-généralisation qui s’applique à la classe de référence des parties du corps du patient et à la dualité Beau/Laid.

La projection inductive infondée

À ce stade, il apparaît utile de décrire une autre erreur de raisonnement, susceptible de se manifester au stade des arguments pathogènes secondaires. Il s’agit d’une projection inductive infondée. Cette dernière conclut, à partir de la sur-généralisation précédente (2), qu’une nouvelle instance va se présenter dans le futur. Une telle instance est susceptible d’être rencontrée dans la dépression (Miranda et al. 2008), ainsi que dans l’anxiété généralisée (Franceschi 2008). Dans le contexte de la dépression, une telle projection inductive présente la forme suivante :

(2)Tous les événements qui m’arrivent sont de nature négativeprémisse
(111a)L’événement futur E11 de nature négative peut se produireprémisse
(111b)∴ L’événement futur E11 de nature négative va se produirede (2), (111a)

La conclusion correspondante est susceptible de contribuer à la dépression, en engendrant notamment chez le patient un sentiment de désespoir. D’autres instances de ce type de conclusion sont : « Ma prochaine action sera moralement répréhensible » (scrupulosité), ou « La prochaine action qu’il commettra à mon égard sera mauvaise » (trouble explosif intermittent).

Le biais de confirmation

Le processus cognitif qui vient d’être décrit illustre comment la sur-généralisation contribue à la formation des idées pathogènes. Cependant, un processus de même nature est également susceptible de concourir à leur maintenance. Car une fois que la sur-généralisation (2) a été établie par le biais du raisonnement ci-dessus, sa maintenance s’effectue dès que survient une instance qui confirme la généralisation selon laquelle tous les éléments xi de la classe de référence E possèdent la propriété Ā. Ceci constitue un biais de confirmation, car le patient ne comptabilise alors que les éléments qui présentent la propriété Ā, sans prendre en compte ceux qui possèdent la propriété opposée A, infirmant alors la généralisation (2). Ainsi, dans la dépression ou l’anxiété généralisée, lorsque survient un nouvel événement négatif, le patient en conclut que cela confirme que tous les événements qui lui arrivent sont de nature négative.

On le voit finalement, les développements qui précèdent permettent d’opérer une classification des distorsions cognitives, selon qu’elles se manifestent au niveau des arguments pathogènes primaires, secondaires ou ternaires. Ainsi, parmi les distorsions cognitives qui apparaissent au stade des arguments pathogènes primaires, on peut distinguer : d’une part, les distorsions cognitives générales (raisonnement dichotomique, disqualification de l’un des pôles, minimisation/maximisation, requalification dans l’autre pôle, omission du neutre) et d’autre part, les distorsions cognitives spécifiques (disqualification du positif, requalification dans le négatif, abstraction sélective, catastrophisme). En second lieu, parmi les distorsions cognitives qui se manifestent au stade des arguments pathogènes secondaires, on peut mentionner la sur-généralisation (au stade de la formation des idées pathogènes), la projection inductive infondée, et le biais de confirmation (au stade de la maintenance des idées pathogènes). L’étiquetage abusif, enfin, est susceptible d’apparaître au niveau des arguments pathogènes ternaires.


Références

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